• Poème de Seferis 

    Envoyé par kyf-76

    Où que me porte mon voyage la Grèce me fait mal.
    A Pilion parmi les châtaigners, la tunique du Centaure
    Glissant parmi les feuilles a entouré mon corps
    Et la mer me suivait pendant que je montais,
    Grimpant comme le mercure d'un thermomètre
    Jusqu'à ce que nous ayons atteint les eaux de la montagne.
    A Santorin, en frôlant les îles englouties,
    En écoutant jouer une flûte parmi les pierres ponces,
    Ma main fut clouée sur le plat bord
    Par une flèche subitement jaillie
    Des confins d'une jeunesse disparue.
    A Mycènes, j'ai soulevé les grandes pierres et les trésors des Atrides.
    J'ai dormi à leurs côtés à l'hôtel de " La Belle-Hélène-de Ménélas".
    Ils ne disparurent qu'à l'aube lorsque chanta Cassandre
    Un coq suspendu à sa gorge noire.
    A Spestai, à Poros et à Myconos
    Les barcarolles m'ont, soulevé le coeur, (...)
    Pendant ce temps la Grèce voyage
    Et nous n'en savons rien, nous ne savons pas que, tous, nous sommes marins sans emploi
    Et nous ne savons pas combien le port est amer quand tous les bateaux sont partis.
    Georges Séféris
    Eté 1936

    Trad. J. Lacarrière et E. Mavraki, Mercure de France, 1985


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