• Athènes et l'Attique

    Par orange8454

    Athènes (Athina) ne se limite pas à l’Acropole, c’est avant tout une capitale centraliste qui a su garder son pittoresque en dépit d’une industrialisation éclair, d’une bureaucratie ubuesque  [1] et d’un urbanisme qui fonce à coups de klaxons et dans son métro flambant neuf vers le rendez-vous olympique des jeunes de 2004. Active, jeune, culturelle, relookée, Athènes a son charme, hiver comme été ; qui plus est, elle se trouve au centre d’une région agréable et intéressante.

    Athènes dans l’histoire

      Fondée au IIème millénaire par Cécrops, le dieu serpent légendaire, Athènes connaît un essor comparable à Mycènes avec laquelle elle rivalise très tôt. Vers 1587 av. J.C., la lignée royale issue de Cécrops est renversée par Erechthée, dont le culte s’associe rapidement à celui de Poséidon et d’Athéna, respectivement symbolisés par le cheval et l’olivier.

    Ville brillante et prospère, elle se dote d’une muraille cyclopéenne [2]– le Pélasgicon – qui n’arrête pourtant pas la vague dorienne au XIIème s. av. J.C., après laquelle elle sombre dans un oubli complet jusqu’au VIIIème s. av. J.C..

    A cette date, si l’on s’en réfère à la qualité des œuvres des potiers athéniens, Athènes redevient un important foyer de civilisation. L’unification de l’Attique, que la légende attribue faussement à Thésée quatre siècles plus tôt, s’effectue sous son égide. De grandes fêtes, les Synoekia et les Panathénées, perpétuent les faits d’armes de Thésée. Le culte commun d’Athéna, protectrice de la cité de l’Attique, et dont la chouette devient l’emblème, achève de souder les peuples de la région. Le pouvoir des rois issus de Thésée glisse peu à peu dans les mains de l’ aristocratie. Mais les familles régnantes ne tardent pas à entrer à leur tour dans des rivalités sans fin qui ne cesseront de croître tout au long du VIIème s.

    Solon [3]et  archonte [4]en 594 av. J.C., règle les tensions résultant d’une aristocratie toute puissante. La terre est libérée, le commerce encouragé et les échanges favorisés par l’utilisation massive de la monnaie, fabriquée avec le minerai d’argent du Laurion. La marche vers la démocratie n’est pas compromise par la tyrannie, qui touche Athènes, au VIème s., au même titre que les autres cités grecques. Sous Pisistrate et ses fils (561-510), Athènes étend même son influence sur les colonies de l’Egée, fait capital et lourd de conséquences pour l’avenir, et devient ainsi la première puissance du monde grec. La ville s’embellit et les fêtes des Grandes Dionysies sont l’occasion d’en montrer tout le faste. Sa puissance militaire devenue sans équivalent, Athènes cherche à accentuer son rôle de leadership, tant en Grèce même (jouant Platées contre Thèbes en 506) qu’à l’extérieur. Les batailles de Marathon et de Salamine (490 et 480) marquent à cet égard deux dates significative
     s où Athènes parvient à éliminer définitivement le péril perse qui pèse sur les destinées des Hellènes. Forte de ces victoires, la ville se place à la tête d’une fédération des cités de l’Egée (la ligue de Délos) et dicte rapidement sa loi.

    Le temps de Périclès, intervenant au lendemain des victoires sur les Perses Darius et Xerxès et favorisé par le paix de 30 ans conclue avec Sparte (446 av. J.C.), marque l’apogée de la puissance athénienne. Bénéficiant d’une stabilité économique et politique (Périclès règne jusqu’à sa mort en 429 av. J.C.), Athènes devient le principal foyer de civilisation grecque : Phidias est choisi pour superviser les travaux de l’Acropole et réalise le Parthénon ; Sophocle écrit ses tragédies, d’Oeudipe Roi à Antigone en passant par Electre ; Socrate, le père de la philosophie, forme son disciple Platon.

      La guerre du Péloponnèse, qu’immortalise Thucydide, sonne le glas des ambitions impérialistes de la cité. Déclenchée afin de venir à bout de sa rivale continentale, Sparte, elle se solde par le fiasco total de 405 av. J.C., date à laquelle Athènes perd sa fameuse flotte victorieuse à Salamine, piteusement capturée par l’Amiral lacédémonien Lysandre. Vaincue, la ville doit raser ses fortifications, et son système démocratique pourtant éprouvé est même mis à mal.

    La vie culturelle demeure toutefois toujours aussi intense : Platon écrit ses fameux dialogues, Aristophane invente la comédie…

    Passé le temps des tentations hégémoniques [5], Athènes cherche à sauvegarder son empire du Nord et de l’Egée de l’effritement. Mais la poussée des Macédoniens est trop forte. Philippe II et les « barbares » gagnent finalement la bataille décisive de Chéronée (338) où Athènes s’est pourtant liée avec sa rivale de toujours, Thèbes. Après cette date, la ville ne jouera plus jamais un rôle vraiment éminent. Choyée malgré tout par Alexandre le Grand, restée indépendante après la conquête romaine, dévastée par Sylla en 86 av. J.C., elle brille de nouveaux feux sous Hadrien (76-138) qui, en fervent admirateur de l’hellénisme, la comble de faveurs et édifie de nombreux monuments. Délaissée, ravagée par les Hérules [6]en 267, puis par les Goths d’Alaric en 396, Athènes perd définitivement son rôle de capitale intellectuelle à l’époque byzantine. Convertie au christianisme, ses temples sont pillés et transformés en églises (Parthénon, Erechthéion), ses écoles de philosophie encore vivantes fermées par l’empereur Théodose II au VIème s.. La ville se transforme en petite bourgade de province.

    Vers l’an 1000, Athènes sort de sa léthargie. Le grand Basile II vient y fêter sa victoire sur les bulgares, signe de l’importance retrouvée ce cette ville qui se couvre par ailleurs de monastères byzantins. Mais cette prospérité relative est de courte durée. La IVème croisade, détournée de son but par les vénitiens en 1204, touche non seulement Constantinople mais aussi Athènes, qui connaît jusqu’à la conquête ottomane le joug successif des Francs, des Catalans, des Florentins et des Vénitiens.

    Ehmed II, vainqueur de Constantinople, laisse une certaine autonomie à la ville, conquise en même temps que l’Attique en 1456. Le Parthénon  se  transforme  en  mosquée  avec minaret et l’Erechthéion en harem. Dans la cité se construisent néanmoins de multiples petites églises. La ville est alors de taille modeste, et à peine 10 000 habitants se massent alors au pied de l’Acropole. Peu à peu, l’Occident, à travers les voyages des artistes et des écrivains, s’intéresse au sort de cette oubliée de l’Histoire.

    Quand la révolution éclate en 1821, Athènes retrouve immédiatement son indépendance. Mais elle est de courte durée et dès 1823, des troupes turques occupent de nouveau l’Acropole. En 1833, un général français, aux ordres du roi Othon, la reprend définitivement. L’année suivante, elle recouvre son rang de capitale. Othon de Bavière élève les édifices de style germanique assez étonnant sous ces latitudes. La population atteint sous son règne le chiffre de 40 000 habitants. Après l’échec de l’expédition grecque en Asie Mineure (1921-1922), qui amène un flux important de réfugiés, la ville compte brusquement près d’un demi-million d’habitants : elle éclate alors littéralement.

    Occupée en 1941 par les allemands et libérée en octobre 1944, Athènes est le théâtre des affrontements entre partisans de gauche et droite monarchiste. Afin de loger une population toujours plus nombreuse, des cubes de bétons remplacent les vieilles maisons ou les demeures néo-classiques. Aujourd’hui néanmoins, la tendance est au sauvetage du patrimoine ancien. Plaka et le centre ville font l’objet de mesures de protection.

     [1] Ubuesque : grotesque.

     [2] Muraille cyclopéenne : muraille énorme, gigantesque.

     [3] Solon : législateur athénien. Son nom est attaché aux réformes qui permirent l’essor d’Athènes et la mise en place de la démocratie.

     [4] Archonte : magistrat.

     [5] Hégémoniques : suprématie d’un Etat, d’une Nation sur d’autres.

     [6] Hérules : ancien peuple germanique.


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