• Les Cyclades Santorin - Naxos - Amorgos - Paros par emile-9875

    Les Cyclades Santorin - Naxos - Amorgos - Paros

      par emile-9875

    Sommaire

    Santorin, nous voilà !
    Naxos plages
    Amorgos, l'île du grand bleu
    Paros en scooter
    Retour à Santorin
    Fin d'un rêve

    Mercredi 5 Août, vol Lyon-> Santorin

    " Mais de qui se moque-t-on ? "

    15h55 - A l’heure qu’il est, nous pourrions être en train de survoler les Cyclades, à essayer de prendre des photos à travers les traces de doigts des hublots. Mais non, l’endroit est désespérément familier : le hall d’embarquement de Satolas, porte 40. Voilà bientôt sept heures (!) que nous avons pénétré dans cet aéroport, et je me dis que n’importe quel coucou aurait eu le temps de nous emmener très loin d’ici. Pourtant, malgré l’attente, je suis étrangement zen, m’amusant de la cohorte de mécontents agressant littéralement la responsable du tour-opérateur :
    " - Mais de qui se moque-t-on ?
    - De personne, monsieur… "

    Comme moi, Alex gratte dans son coin tandis que Caro et David se donnent des airs d’intellectuels en vacances, feuilletant respectivement Voici et Sciences et vie (un article ultra scientifique : comment fonctionne le sexe ?…). Les nouvelles nous parviennent au compte-gouttes et les hôtesses nous bichonnent tant qu’elles peuvent : après le petit déjeuner à 10h, nous sommes conviés à la cantine pour le repas de midi ! A cette occasion, David et moi remportons le premier pari du séjour (c’était du canard, pas de la pintade !). Conséquence : demain, si jamais on arrive, ce sont les filles qui paient à manger…
    Pour tuer le temps, nous nous offrons une n-ième visite du duty-free, où une hôtesse au fort accent germanique nous vante les bienfaits du pastis (comme si c’était nécessaire !) :
    " - Vous aller en Grèce ? Là-bas, ouzo très spécial... Pour goûter, oui, mais vous pas être très copains… "

    Après une longue réflexion, et grâce aux conseils avisés de David, nous finissons par craquer pour une bouteille de 51 (avec son étui isotherme !). Au moins, si on ne peut pas se faire de nouveaux copains, on pourra toujours compter sur les anciens…

    17h30 - Formidables, ces cachets de Cocculine contre le mal des transports : moi qui craint le car, le bateau, l’avion, là tout va pour le mieux. D’accord, on est toujours en salle d’embarquement, mais quand même !

    David a envie d’appeler chez lui pour prévenir que nous sommes " bien arrivés à Santolas " (ou à Satorin, je ne sais plus très bien ). L’avion (de la compagnie Air Toulouse International) vient d’arriver de … Toulouse, où il était en réparation ! Quelque part, c’est rassurant qu’ils aient pris leur temps pour réparer. D’ici trois bons quarts d’heure, nous devrions décoller, pour arriver aux environs de minuit à Santorin. Avant le départ, je vais reprendre un cachet de Cocculine, moi .

     " Want a room ? "

    Il est 18h10 lorsque l’avion quitte enfin la piste de Satolas (au lieu des 11h30 prévus…). Le repas nous est servi après une (longue) série de (petites) perturbations . Caro me broie la main à chaque trou d’air tandis que David – imperturbable, lui ! – feuillette Libé pendant toute la durée du vol. A cause de l’escale à Mykonos (où il est conseillé aux hommes de bien rester assis au fond de leurs sièges ), nous devons encaisser en moins d’une heure, deux atterrissages et un décollage sur les minuscules pistes des îles. Mais peu après 23h (heure locale = heure Lyon + 1), ça y est : nous foulons le sol grec de l’aéroport !

    En attendant les bagages, j’accompagne David qui va griller sa clope à l’extérieur. A peine a-t-on franchi la porte de sortie, qu’un autochtone nous aborde : " Want a room ? ". Les habitants grecs ont des chambres à louer, et ils le font savoir. Pris au dépourvu , nous baragouinons quelques questions pour tâter le terrain, avant de conclure d’un " we think about it " qui se veut la traduction fidèle de " on va y penser ! ".

    Finalement, c’est un taxi (profitant de notre naïveté de touriste débarquant pour nous extorquer 6000 drachmes, soit 120 francs pour une dizaine de kilomètres) qui nous mène au camping Caldera View où nous avons réservé. Et là, miracle ! A minuit, il est encore possible de passer par la réception avant de s’installer. Au moment de planter les tentes, Caro n’oublie pas de nous démontrer qu’elle a passé quinze ans chez les Scouts, et le camp est très vite monté. Il fait nuit depuis bien longtemps, mais l’excitation l’emporte sur la fatigue et nous explorons les alentours du camping, serviettes de bain sur l’épaule, bien décidés à goûter la mer Egée ! Elle restera introuvable ce soir là.

    Jeudi 6 Août, Santorin

    Soutzouskaki au menu

    Le soleil matinal à travers la tente m’attire irrésistiblement à la découverte des paysages masqués par la nuit la veille. Face à la tente, le " Mont Pilat " local (point culminant de l’île et centre relais télévision). A 300 mètres de l’entrée du camping, magnifique vue sur la Caldera : le volcan, la mer, les falaises… Alex est interrompue dans sa grasse matinée parce que l’on a plein de choses à voir. Après un petit dej’ encore très franchouillard (barquettes à la fraise de LU, palets bretons), nous partons à l’assaut de notre première cité grecque : Akrotiri, son site archéologique, ses plages de sable noir… Nous profitons de la route pour découvrir les paysages qui s’offrent à nous ( superbes et indescriptibles !… Voir les photos ). Et nous jetons aussi un œil sur les menus (et les tarifs) des quelques tavernes en bord de route. Avant de rentrer dans Akrotiri (" chez Gros-Thierry ", comme dit David), Caro, Guide du Routard en poche, nous mène jusqu’à la Caldera Beach, lie
     u de notre première baignade. La plage est noire (de sable, pas de monde), la mer est fabuleuse…

    Peu avant midi, nous entrons dans Akrotiri, village grec dans tout ce qu’il y a de plus typique : les maisons blanchies à la chaux, les églises locales et leurs cloches, un vieux grec à dos de mulet… Et fatalement, à l’heure du repas, il nous vient des envies de cuisine locale. Nous optons pour une petite taverne, terrasse ombragée, " greek cuisine" et accueil familial.

    Pour David et moi, c’est l’heure du premier ouzo, mais il nous reste bien des choses à apprendre sur la manière de le déguster ! (avec ou sans eau ? l’eau ou l’ouzo en premier dans la bouche ? être ou ne pas être ? !) . Le menu est traditionnel : greek salade (tomate –concombre – poivron – oignon – olives – et l’inévitable feta) suivi de soutzouskaki (meats balls with fried chips) pour mes compagnons de route, tandis que je ne résiste pas à l’idée de déguster ma première moussaka (un régal). L’eau du robinet est infecte, nous devons nous rabattre sur de l’eau en bouteille (et puis de toutes façons, pas moyen de faire comprendre que l’on voudrait une carafe !).

    Baignade chez les " culs- nus "

    A l’heure de la sieste, nous marchons inconscients en pleine campagne sous un soleil de plomb, en route pour le site archéologique. Après la courte visite (sans grand intérêt mais heureusement gratuite) , il fait encore plus chaud et il nous vient des envies de baignade… Le chemin paraît très long jusqu’à la Red Beach, magnifique plage de sable noir adossée à des falaises rouges. La plage est surpeuplée, et Alex propose de poursuivre jusqu’à la crique suivante. Celle-ci est quasi déserte, et pour cause ! C’est une plage de " culs-nuls ", selon l’expression d’Alex… Refusant d’avoir fait tout ce chemin pour rien, nous nous posons à l’écart avant de piquer une tête bien méritée.Au soleil couchant, nous assistons au retour d'un vieux pêcheur grec sur la plage...

    Sur le chemin du retour, une charmante touriste américaine nous remonte jusqu’à Akrotiri, et Caro, en rentrant au camping, réalise avec consternation qu’elle a oublié sa casquette de l’ESSJT dans un mini–market ; elle y sera probablement mise en vente dès le lendemain pour quelques milliers de drachmes… Le temps d’une petite tête dans la superbe (bien que trouble et verte) swimming–pool du camping, et David et moi nous transformons en cuistots autour d’un 51. Le menu des chefs ce soir là : tomates et pâtes à la tomate…

    Vendredi 7 Août, Santorin

    "Short, very short ? "

    La matinée est appréciable : petite douche, petit déjeuner ("déj’ner" comme on dit à Genas, enfin à "J'nasse"), petite piscine. Il est 12h30 lorsque le bus nous récupère devant le camping pour nous conduire à Thira, " capitale " de l’île. Dans la " main street ", la rue principale, il règne une ambiance sud–américaine (dixit David) : les vieux bus qui se succèdent les uns aux autres, la musique et le brouhaha qui sortent des tavernes, les autos, les milliers (milliards ?) de scooters, et la foule, immense, désordonnée. Emportés par le tourbillon autour de nous, nous attrapons vite un sandwich avant de fuir par les petites rues jusqu’à la falaise qui surplombe le vieux port et domine le volcan. Il fait chaud, très chaud : il a été décidé de revoir le budget bouteilles d’eau à la hausse.

    La vue est superbe et l’endroit magnifique pour réaliser les photos que l’on ne manquera de montrer à la famille et aux copains en leur disant : " on y était ! ". Chaque ruelle, chaque voûte, chaque bâtiment est l’occasion d’un nouvel enchantement. Quelles que soient ses convictions religieuses, la majestuosité des monuments et des cathédrales ne peut pas laisser indifférent. Caro plane sur les bijouteries, il y en a une tous les 5 mètres. Alex et David achètent leurs cartes postales, tandis que je commence à repérer les tee-shirts Hard Rock Café - Santorini pour agrandir ma collection.

    Dans la chaleur accablante de l’après-midi, nous nous écartons du centre pour faire un tour du côté du camping de la ville. En fait, seule la piscine nous intéresse et nous nous accordons le plaisir d’un rafraîchissement salutaire. De mon côté, je me rends dans le " salon " de coiffure que j’ai repéré une rue au dessus. Il est désert, le coiffeur sommeille sur une chaise devant sa boutique et j’ai l’impression de le déranger. Il me fait signe d’entrer, et je comprends vite qu’il ne parle ni français, ni anglais… Il vient alors à mon secours : " Short, very short ? ". Il a tout compris. Le seul dialogue que nous entretiendrons tournera autour des numéros de sabot pour sa tondeuse…

    Les baleines blanches
    de la Caldera Beach

    Après quelques courses au super – market, nous nous offrons un repas grec au camping : salade tomate-feta (ah, la feta !), jambon local (le saucisson s’est perdu en route), vin de Santorin (un rouge, " chaud et âpre " selon Alex). La nuit vient de tomber ; la vaisselle attendra, à la grande joie des fourmis. Serviettes autour du cou, nous reprenons le chemin de la Caldera Beach pour un bain de minuit des plus agréables. Sous la pleine lune, on aperçoit des baleines blanches…

    Samedi 8 Août, Santorin

    Footing touristique

    La nuit n’a pas été bonne : les intonations germaniques des voisins jusqu’à tard le soir, le gonflement interminable d’un matelas pneumatique à deux mètres de notre tente en pleine nuit, le vent en bourrasques, le réveil qui prend un coup de speed en sonnant à 3h30… Malgré tout, je ne manque pas de courage lorsque je m’élance à 7h45 pour mon premier footing en terre grecque . Aux abords de Périssa, je bifurque sur la droite et ma course se transforme en randonnée pédestre car le terrain est pour le moins accidenté. Au sommet, je domine toute la plaine, je toise l’océan, et le " meltem ", le vent local souffle vraiment très fort. Je dois effectuer la descente de l’autre côté quasiment en rappel, et je me retrouve en bord de mer sur la " Vlyhada beach ". Je réalise alors que je suis vraiment très loin du camping… Je reprends ma course sur une route qui s’enfonce dans la campagne, une sorte de désert. Le vent souffle de face, j’ai chaud, j’ai soif… Le destin m’envoie enfin un vé
     hicule sur cette route où personne ne passe. Je me résigne à faire du stop, elle s’arrête : c’est un vieil ouvrier grec, qui me dépose à cinq cents mètres du camping. " Efkaristo… " (merci beaucoup !). Je suis de retour après une heure et quart de " footing touristique ". J’apprécie d’autant la douche et le petit dej’.

    Aux alentours de midi, nous reprenons le bus pour Thira. Comme la veille, le ballet des vieux autocars autour de la " bus station " est un spectacle extraordinaire. Le " Gyros sandwich " est un vrai régal avalé en un rien de temps sous les voûtes du parvis de la cathédrale orthodoxe, que Caro et Alex ont visitée la veille. Il est 14h lorsque nous entreprenons la descente des 387 marches qui mènent au vieux port, alors que les autochtones ne cessent d’essayer de nous vendre la descente à dos de mulet. " Katastroph’ ! Señorina… " s’exclame l’un d’eux lorsqu’Alex décline une nouvelle fois l’offre. Elle n’a vraiment pas confiance en la bête…

    "I'm the king of the world !"

    En bas, à "Old Port", nous nous renseignons sur les possibilités de visite du volcan de Nea Kameni . Il est trop tard pour effectuer le grand tour par les eaux réputées sulfureuses de " Hot Springs ", nous devrons nous contenter du " Volcano ". C’est à bord d’un petit caïque (" caïqui ") appartenant à un vieux marin grec que nous effectuons notre excursion. Nous ne sommes que six passagers à bord de la frêle embarcation qui s’élance vers le volcan : nous quatre et un couple d’italiens. Le caïque tangue un peu mais le trajet est court, et nous sommes bien vite arrivés à destination : une petite crique aménagée où est amarré un superbe voilier. Notre marin nous laisse 1h30 pour monter aux cratères et profiter d’un temps de baignade sur les berges du volcan.

    L’ascension est pénible (nous n’avions pas prévu de chaussures pour crapahuter dans les roches volcaniques… mes bateaux s’en souviendront), l’atmosphère est suffocante, mais le spectacle final époustouflant. " I’m the king of the world ! "clame David parvenu le premier au sommet. La mer est partout autour de nous, le paysage volcanique saisissant. Quelques fumerolles s’échappent d’une cavité du cratère…il est temps de redescendre. Grand temps même, puisque deux, trois,cinq gros bateaux viennent déverser leurs flots de touristes sur les pentes du volcan où nous étions seuls au monde quelques minutes auparavant. Nous profitons encore de notre avance pour squatter l’unique plage (3 m² !) et batifoler dans l’eau. Partout autour de nous l’endroit est extraordinaire, le cadre inoubliable.

    Nous avons perdu nos italiens pour le retour au vieux port, et tandis que Caro s’échappe par le télécabine, Alex, David et moi repartons courageusement à l’assaut des 387 marches qui mènent à la ville haute de Thira. Alex retrouve son marchand de mulet, qui lui propose une nouvelle ristourne. En haut du télécabine, nous nous retrouvons tous les quatre, assis sur une terrasse à l’ombre, fatigués… Le rythme est intense depuis notre arrivée, les journées bien remplies et comme le fait remarquer Caro : " On n’a encore jamais fait la sieste ! ". A l’heure du goûter, les chocos et le melon grec sont fortement appréciés, et pendant que Caro, Alex et David se replongent dans leurs souvenirs communs du lycée, je pique un somme…

    Soirée basket-tzaziki

    La ville haute de Thira est splendide : quasiment pas de commerces, et par conséquent, peu de touristes… bref on baigne dans la véritable ambiance grecque. Le quartier est plutôt résidentiel, les habitations sont splendides, les cathédrales au dôme bleu roi majestueuses. De tout en haut, nous surplombons toute la ville, éclairée par les rayons d’un soleil qui se couche sur la mer, juste derrière le volcan : avec le charme des chapelle cycladiques, chaque paysage ressemble à une carte postale, grandeur nature. Même l’appareil photo d’Alex et son format panoramique ne pourraient rendre compte d’une telle beauté. Le site en impose, c’est indéniable…

    Les derniers rayons nous permettent de rencontrer un couple de français à la recherche d’une chambre. Nous échangeons les tuyaux sur les îles : Ios = gerbos, très jeune, très boîte, très bière…à éviter; Naxos, superbe ; Amorgos, superbe…mais pas de bateau au départ de Santorin ; Folegandros (" l’île de la Grande Folle " dixit David), surpeuplée… Et c’est toute notre stratégie de voyage qui est remise en cause : l’itinéraire initial Santorin–Amorgos–Ios–

    <wbr></wbr>Folegandros–Santorin a du plomb dans l’aile. Du coup, Caro modifie la place des post-it dans le Guide du Routard qu’elle nous déballe à tout bout de champ, et promet de potasser avant de se coucher.

    La soirée se termine dans une petite taverne fort sympathique où nous avions pris un verre la veille. Choix opportun, puisque la télévision diffuse les demi-finales du championnat de monde de basket qui se déroule au même moment à Athènes. Nous arrivons juste pour voir les russes disposer des américains (66-64), alors que la rencontre suivante oppose la Grèce (!!) à la Yougoslavie. Côté cuisine, la moussaka laisse à désire (dommage pour Caro, Alex et David), alors que j’avais encore fait le bon choix : Tzaziki (fromage blanc, concombre et ail pilé) puis poisson grillé. Les horaires de bus ne nous permettent pas de voir la fin de la rencontre, mais je comprendrai le lendemain matin à la lecture des journaux grecs que les Grecs l’ont emporté après prolongations et disputeront donc la finale le soir même . Où que l’on soit, je veux voir ça !!

    Le bus nous ramène au camping, il est 23h. Demain il nous faut quitter Santorin, faire les sacs, plier les tentes…Toute la nuit, je rêve de notre future destination, qui dépendra des disponibilités des bateaux : Naxos, Amorgos, Ios, Folegandros…

    Dimanche 9 Août, transfert Santorin -> Naxos

    Sur le pont du Titanic

    Comme prévu, nous levons le camp à 9h30 après un rangement efficace. Chargés comme des mulets, nous partons en direction de l’arrêt de bus, mais au bout de 200 mètres, sans même prendre la peine de faire du stop, une estafette prend pitié de nous. Nous ne tardons pas à rejoindre nos sacs dans la remorque, et nous manquons d’oublier un petit sac à dos en descendant à l’arrêt de bus…

    Lorsque l’autocar paraît, quelques minutes plus tard, il nous snobe royalement et malgré nos gesticulations file en nous ignorant superbement. Nous voilà tous les quatre, plantés avec nos sacs à dos d’une tonne chacun, à plusieurs kilomètres du port… Je demande des renseignements à un jeune en moto : " You want to walk ? Oh no… Many kilometers ! " Finalement, c’est une navette en provenance de notre ex-camping qui s’arrête pour nous emmener à destination.

    La route en lacets qui mène au petit port isolé d’Athinios est pittoresque. Le port est minuscule, et on a vraiment l’impression que le gros ferry à quai est arrivé là par erreur ! Les gens s’agitent de partout devant le quai d’embarquement. Aucun départ n’est prévu pour Amorgos (les hydroglisseurs ne partent pas à cause du vent), nous embarquons donc sur le gros ferry qui doit nous emmener à Naxos via Ios.

    La traversée est tranquille, la Cocculine est inutile : aucun risque de souffrir d’un quelconque mal de mer ! L’entrée dans la baie de Ios nous permet de nous faire une belle idée de l’île, vue de loin. Après tout ce qu’on nous en a dit, aucun de nous n’a vraiment envie de la découvrir plus en profondeur… Le voyage dure plus de trois heures, mais c’est un moment de vrai repos et un break appréciable. Gagnant le pont supérieur un instant pour profiter du paysage (nous slalomons alors entre Paros et Naxos), je sifflote la musique de Titanic  et je me prends pour Jack Dawson ! accueil

     Plaka camping !

    A l’arrivée sur le quai, aux environs de 15h30, beaucoup de monde est là pour nous accueillir à coup de " Rooms ! ", " Maragas camping, on the beach ! ", " Rooms, appartments ! Rooms to let ! "… Les propriétaires présentent leurs chambres photos à l’appui, les patrons de camping soulèvent leur plaquette en criant le nom de leur camping et en vantant leurs avantages. On se croirait presque au marché ! Bref, nous sommes littéralement assaillis de toute part. Un couple étranger s’en va bras dessus - bras dessous avec une petite vieille qui vient de caser sa room, tandis que nous optons pour le " Plaka camping " sur les conseils de français rencontrés la veille à Santorin.

    Les vingt minutes de trajet jusqu’au camp en bus sont rocambolesques : la route qui longe le bord de mer se transforme petit à petit en chemin de sable où les véhicules ont bien du mal à se croiser. Les scooters doublent à droite, à gauche, les conducteurs s’envoient des politesses (ou des insultes, je ne comprends toujours rien au grec). Sur la droite, la plage de sable fin (Prokopios beach) et les dunes défilent… c’est tout simplement magnifique !

    A l’arrivée au camping, nous nous mettons en quête d’un emplacement. Il faut se baisser pour éviter les branches de citronnier et trouver quelques m² de libre dans un recoin du camp. Nous parvenons à caser nos igloos entre le grillage et les arbres, mais nous sommes contraints de condamner l’accès à notre plus proche voisin, qui devra ramper pour rejoindre son duvet… Alex nous prépare un jus de citron vert " cueilli sur l’arbre " et nous fonçons rejoindre la plage à travers les dunes, à seulement cent mètres de l’entrée du camp. " C’est parfait ", s’écrie une nouvelle fois David. Caro m’enterre dans le sable, David et Alex jouent à " Karaté Kid ", on est bien… Mais le soleil ne chauffe plus vraiment, et le vent frais nous ramène au camping pour le repas. Il est à peine vingt heures, et notre voisin a réussi à ramper jusqu’à son duvet puisqu’il est déjà couché. Après l’omelette et le saucisson - grec bien sûr -, David et Alex s’échappent jusqu’à Chora tandis que Caro et moi no
     us offrons une balade nocturne en bord de mer, pieds nus sur le sable humide…

    Pas de "On est les champions !"...

    Au fait, la Grèce ne jouait pas la finale… Ils s’étaient fait sortir en demi par les yougos, ce que m’expliquera un grec planté devant la finale (" Extratime, this guy killed us… " – "en prolongations, ce type nous a tués..." en me désignant le yougo Bodiroga). Comme quoi, je n’avais vraiment rien compris à la une des journaux grecs ! Je regarde tout de même la finale (Yougoslavie - Russie) disputée dans une ambiance peu passionnée devant trois ou quatre téléspectateurs. Moi qui avait rêvé de voir la Grèce championne du monde en Grèce, après avoir vu la France championne du monde en France… Comment dit-on " On est les champions ! " en grec ? accueil

    Lundi 10 Août, Naxos

    Le record d'Alex

    Au réveil, je m’étonne de ne pas trouver le soleil, dissimulé pour la première fois de notre séjour derrière quelques petits nuages gris. J’accompagne David aux courses pour le petit dej’, et nous en sommes réduits à faire les fonds de porte-monnaie pour nous payer un pot de " Merenda ", le Nutella local. Il va devenir urgent de faire appel à la fée Carte Bleue pour faire le plein en drachmes. Je remercie la caissière – et en grec SVP, puisque j’ai décidé de me mettre au dialecte en usage : " Efkaristo ! Athio … "

    Les filles se font porter pâles : Caro use kleenex sur kleenex et Alex est patraque, elle préfère rester couchée. Le trajet en bateau, les soirées un peu plus fraîches, il n’en fallait pas plus pour surprendre ces demoiselles… Il est 10h30, notre voisin au duvet est toujours couché (soit une nuit de plus de quatorze heures !!). Mais Alex se déclare prête à relever le défi, puisqu’après nous avoir rejoint à Aghia Anna Beach, elle retourne se coucher pour battre le record. Pour mettre toutes les chances de son côté, elle refuse même de se lever pour manger et David, Caro et moi en profitons pour nous payer une table au resto du camping. David se réconcilie avec la moussaka, Caro et moi découvrons la " pastitsia " (la même chose avec des macaronis à la place des aubergines). Alex refuse même la pastèque devant la tente. Bref, à 15h45, le record est en passe d’être battu et elle n’a toujours pas mis le nez hors de la tente...

    Aux alentours de 17h, nous quittons le camping (Alex s’est levée, mais le voisin s’est recouché !) et comme il n’y a pas de bus avant un bon moment, nous tentons l’auto-stop. Peu de voitures passent sur le chemin qui mène au camp, mais par chance très vite une voiture s’arrête et nous embarque tous les quatre. Le conducteur est grec, parle bien l’anglais et propose de nous emmener. Il engage le dialogue et la discussion - en anglais - dure tout le voyage. Il nous raconte qu’il est mathématicien (un petit - fils d’Euclide ?) et qu’il donne des cours à domicile en attendant un hypothétique poste de prof. Nous lui expliquons notre voyage, nos situations respectives et il note avec intérêt que Caro est étudiante en maths ! Je poursuis le dialogue seul avec notre chauffeur, curieux et intéressé, qui n’hésite pas à me faire répéter pour être sûr de tout comprendre (" What ? WHAT ? "). Il nous dépose tout près du port, et nous le remercions d’un " efkaristo…" auquel il répond par un
     " pas de quoi… " (en français dans le texte).

    Foire d'empoigne à la Portaria

    La ville de Chora, capitale de Naxos, son port, sa "Portaria", ses ruelles commerçantes et celles plus typiques s’offrent à nous…Avant de nous enfoncer dans la ville, nous nous payons un détour par l’immense portique en marbre ("Portaria") qui domine le port. La chaussée qui mène à la colline est battue par les vagues, et il faut choisir le bon moment pour traverser, sinon c’est la douche assurée ! Au sommet, nous posons tous les quatre dans l’encadrement du portique, où un touriste français (encore un…) propose de nous photographier pour le cliché classique de chez classique. Puis nous rejoignons les commerces qui débordent de touristes aux abords du port.

    Caro mate toujours les bijouteries, dans l’espoir de me voir brandir ma Carte Bleue. David et moi jetons un œil glouton sur les cartes des tavernes, et l’ "octopus" (le poulpe qu'on voit sécher devant les tavernes, à déguster grillé ou en salade) paraît rudement appétissant. Mais avant de ripailler, l’heure est à l’événement puisque le soleil ne va pas tarder à se coucher à travers la Portaria, ce que le Routard considère comme un must, un spectacle incontournable. Les vagues n’ont pas faibli depuis tout à l’heure, et Alex se plaint d’avoir les pieds mouillés.

    Il y a bien plus de monde que deux heures plus tôt , la grande foule est au rendez-vous, avec son cortège de photographes en tout genre. Les gens se bousculent pour obtenir le meilleur angle de vue (le coucher de soleil à travers la Portaria), interpellent les touristes qui viennent gâcher le tableau en s’interposant entre les bras du portique…Une véritable foire d’empoigne ! Pendant quelques minutes, c’est un véritable concert de déclencheurs d’appareils photo autour de nous. Quel cirque, et quel spectacle !!

    Cette fois le soleil a disparu pour de bon dans les brumes de l’horizon, la foule internationale se disperse. Pour nous, il est l’heure d’aller manger.

    Plein la lampe,
    sous le nez des filles...

    Alex n’a toujours pas faim, Caro est brassée : ce soir, ce sont les garçons qui choisissent le resto. Après avoir arpenté les rues de Chora en long, en large et en travers, nous tombons sur le menu idéal : Salade grecque (on ne s’en lasse pas), six " cold appetizers " (tzaziki, tarama, patates à l’ail, aubergines… et aussi un truc non identifié qui arrache !), suivi de " meat balls with fried chips ", le tout accompagné d’un petit blanc de Naxos. L’octopus, ce sera pour une autre fois et David et moi savourons ce repas de roi. Pendant ce temps-là, Caro avale une salade grecque du bout des lèvres, Alex fait la tronche devant sa soupe de poisson… et nous nous en mettons plein la lampe, sans remords aucun ! Elles nous en voudront beaucoup de leur avoir ainsi mangé sous le nez… accueil

    Mardi 11 Août, Naxos

    " Ça ressemble au Luberon..."

    De bon matin (10h30…), nous retournons à Aghia Anna Beach, face au camping, pour la traditionnelle baignade after breakfast. Alex est sur pieds mais préfère éviter la mer une journée encore. A midi, le bus nous emmène à Chora, d’où nous prenons une correspondance pour Filoti, " plus grand village de l’île et resté très typique " d’après le Routard. Le trajet est typique lui aussi, puisqu’il nous faut près d’une heure pour rejoindre le village, situé au centre de l’île, par les petites routes peu fréquentées de Naxos. David effectue l’intégralité du trajet debout pendant que Caro, Alex et moi nous laissons aller à un petit somme…

    Contrairement aux bus que nous avons pris jusqu’ici, celui-ci ne transporte quasiment que des grecs et très peu de touristes, et cela fleure bon la Grèce profonde. Nous croisons aussi quelques français qui ont déjà visité le coin et se laissent aller à une confidence : " Ça ressemble au Luberon…". Et effectivement dès la descente du bus, le bruit des cigales nous accueille et nous nous offrons un pique-nique sous les oliviers ! Le temps d’une petite sieste et nous voilà partis à l’assaut des ruelles de Filoti.

     "Photo ! Photo !"

    Très loin des ruches citadines de Santorin ou de Naxos, nous apprécions pleinement les chemins déserts, entre les habitations, plutôt que les ruelles commerciales bondées de touristes. On prend plaisir à se perdre dans les rues en escalier, à se photographier sous les voûtes, à s’élever au dessus du village pour le voir tout entier s’offrir à nous… Au détour d’une maison, deux enfants nous interpellent ; l’un d’eux s’enfuit dans sa maison en nous faisant signe d’attendre, et ressort au bout de quelques instants avec un mouton sous le bras ! " Photo ! Photo ! ", se met-il à crier tout en s’accroupissant pour poser avec son frère… Appliqué, je prends la photo et nous rencontrons alors la mère des deux marmots qui nous fait comprendre qu’elle souhaiterait qu’on la lui envoie. Toute émue, elle griffonne nerveusement une adresse en grec sur un bout de post-it que nous lui tendons : "Hylias & Nikola Blasero, Filoti - Naxos". Je n’oublierai pas de sitôt le sourire qui illumina à ce
     moment-là le visage de cette femme marquée par la vie… Il y avait tant d’espoir dans ses yeux quand elle nous a rendu ce post-it que je n’imagine pas une seconde la laisser dans l’attente en ne tenant pas notre promesse.

    Après cet épisode émouvant, nous reprenons notre périple à travers les rues de Filoti, sans compter le nombre de marches gravies au passage. Nous sommes probablement les seuls touristes du village, puisqu’ hormis quelques autochtones, nous ne croisons personne dans les rues. Tout respire le terroir, l’authenticité grecque. Au-dessus du village nous rejoignons l’église de la "Panaghia tis Filotissas". Comme l’indique notre fidèle Guide du Routard, bible indispensable, l’endroit est absolument paradisiaque ! Pas de mer, certes, mais les contrastes de couleur ("les maisons toutes blanches, les flancs gris de la montagne, le vert de la vallée"… Merci Guide du Routard pour tes descriptions avisées !) sont saisissants et de toute beauté. Le Luberon ?  Oui, il y a quelque chose...

    Pour prolonger cette vision onirique, nous mettons plus d’une heure avant de nous résoudre à redescendre. Le bus de 18h30 ne passera jamais sur cette vieille place de Filoti cernée par les terrasses des cafés, et c’est en taxi (pour le même prix !) que nous regagnons Chora. David fait jouer de la Carte Bleue sur le port et nous nous retrouvons de nouveau avec des milliers de drachmes, prêts à commencer une nouvelle partie de Monopoly ! accueil

    Adieu Karémat...

    Il fait presque nuit lorsque nous nous installons sur la plage Aghia Anna, face au camping, pour un repas du soir " on the beach ". Du sel à l’ouvre-boîte, du parmesan au camping-gaz, rien n’est oublié et c’est autour d’un 51 que démarre la cuisson des spaghettis. Le meltem souffle de plus en plus fort et David installe son Karémat (tapis de sol de camping, pour les incultes) afin de protéger le feu. C’est lors de la phase décisive, au moment de l’égouttage, que le drame survient : Alex finit de se faire belle au camping, Caro, David et moi nous organisons pour réussir cette opération difficile. L’affaire est rapidement emballée, mais alors que nous avons tous trois le dos tourné, une rafale de meltem en profite pour lâchement envoyer bouler le Karémat de David, qui disparaît en mer dans la nuit noire… Il importe de noter le courage et la dignité avec lesquels David a affronté cette épreuve, difficile pour tout campeur qui a noué des liens affectifs avec son Karémat…

    Mercredi 12 Août, transfert Naxos -> Amorgos

    "Mes pieds s'enfoncent dans le sable..."

    Ce matin-là, je m’élance plein de courage pour mon second footing. Il fait très beau, mais le fond de l’air est frais. Du camping, je gagne le bord de plage sur la gauche. La mer vient me lécher les baskets de temps en temps, et le bruit des vagues rythme mes foulées.

    " Derrière moi, j’entends la mer, poussée par les vagues,- le public s’est levé…
    Mes pieds s’enfoncent dans le sable, quelqu’un me dépasse,
    L’eau salée dans mes yeux, j’peux même pas dire qui c’est… "
    (Balavoine)

    Au bout de mon échappée, le bord de mer est infesté de windsurfers en camping car. Le retour, meltem pleine face, est long et pénible. Mais l’effort est un vrai plaisir, et la baignade finale en mer un réconfort inégalable !

    Après un petit dej’ réparateur, nous nous offrons une petite tranche de plage, sans oublier de régler le camping avant midi, pour éviter de payer un après-midi supplémentaire dans ce camping de babs (" Plaka camping…cool on the beach ! "). Notre départ du camping est rocambolesque : après avoir envisagé diverses solutions pour éviter de passer devant la réception avec nos sacs à dos (les faire passer par dessus le grillage, creuser un tunnel jusqu’à Chora…), nous décidons de faire comme si de rien n’était. Nous devrions être partis depuis midi, il est alors 16h… Nous sommes rappelés à l’ordre alors que nous avons franchi la sortie de vingt mètres. " We have the facture !", tente d’expliquer David… La vérification de celle-ci n’est qu’une formalité, et nous poursuivons notre route après avoir préservé quelques centaines de drachmes…

    Caro propose alors une sieste, et nous nous posons à l’ombre au bord d’un champ. De leur côté, David et Alex partent louer une planche à voile puisque la plage d’Aghia Anna est réputée pour être le paradis des véliplanchistes. Nous nous retrouvons à Chora vers 20h. Alex n’a pas pu faire de planche à voile (" trop de vent, pas assez, l’eau était trop humide… "), à son grand regret. Quant à moi, je déniche un cadeau pour mon frère, dont le prix est savamment négocié avec le vendeur, lui même fan de basket et de l’Olympiakos (" I’m crazy about Olympiakos ! "). Caro, elle, après s’être privée de gâteaux apéritifs pendant une semaine, craque pour une boîte de " Pringles ", qu’on trouve dans chaque mini-market de Grèce…

    Nous nous offrons une formule " Cheese-burger " sur le port, le bateau pour Amorgos doit s’élancer vers 23h. En dernière minute, il est annulé et nous devons faire changer nos billets pour embarquer sur le ferry de 23h30. Inconvénient majeur : ce dernier fait escale dans toutes les petites Cyclades, et le voyage promet d’être très long. En fait, il sera très très long…

    Ambiance " Boat people "

    La traversée dure plus de cinq heures. David et Alex se sont installés au chaud à l’intérieur, tandis que Caro et moi nous bravons les éléments (le vent, les vagues, le froid…) sur le pont extérieur du bateau. Malgré cela, je ne tarde pas à m’endormir mais au bout de trois heures je retrouve Caro frigorifiée et nous rejoignons nos comparses dans le salon. Dès que je m’installe dans le squat intérieur (les gens dorment assis, debout, couchés, sur les sièges, sur les tables, par terre… dans une ambiance très " Boat people "), je me rendors… Le bateau tangue pas mal, et Caro et David s’inoculent un Cocculine préventif. Alex pionce...

    A l’arrivée à Amorgos, dans le port d’Aigiali, ce sont quatre zombies qui descendent du bateau, en se demandant où ils vont bien pouvoir finir la nuit… Après avoir suivi les autres passagers comme des moutons de Panurge (ils se feront refouler au camping), nous optons pour la première solution envisagée : la plage. Il fait encore nuit, mais l’endroit paraît superbe. Quelques petits villages éclairés sont disséminés dans les montagnes qui entourent le port , le sommeil nous gagne, les étoiles disparaissent…

    Jeudi 13 Août, Amorgos

    Une page pour David

    Au petit jour, la vue est magnifique. Nous sommes une quarantaine à avoir ainsi dormi sur la plage… dont beaucoup de français. Juste à côté de nous justement, un couple d’âge mûr originaire de … Brindas. Ah ! Que le monde est petit…

    Bercés par le bruit des vagues toute la nuit, la mer s’offre à nous au réveil. David se contorsionne dans son duvet pour enfiler son caleçon de bain et est vite le premier à se jeter à l’eau. La nuit a été éprouvante, la baignade matinale est vivifiante, mais il manque quelque chose : un petit déjeuner digne de ce nom. Nous nous offrons un breakfast complet dans une taverne, hélas bien trop vite avalé.

    Nous rejoignons alors le camping d’Aigiali, où nous retrouvons les quatre jeunes français rencontrés dans l’avion. Ils se sont appropriés les deux derniers emplacements à l’ombre du camping… Mais ce n’est qu’une demi déception puisque le camp ne nous plaît pas vraiment. Lorsque nous quittons les lieux, deux solutions s’offrent à nous : prolonger notre séjour sur la plage (avec l’inconvénient majeur de n’avoir pas d’endroit pour stocker les sacs à dos) ou louer une chambre chez l’habitant. Nous avons tous très envie d’essayer cette seconde formule, mais alors que nous nous présentons sur le quai à l’arrivée d’un ferry, personne n’est là pour présenter de " Rooms to let "…L’unique opportunité qui s’offre à nous est une location à la semaine, alors que nous ne souhaitons rester qu’une nuit ou deux sur Aigiali.

    Nous plantons alors David à la garde des sacs à dos et commençons à arpenter les ruelles, entre pensions et rooms. Mais partout, la même réponse : " Full… " (complet) . Nous sommes bien loin de la folie de Naxos et de son cortège de loueurs en tout genre ! A Amorgos, l’infrastructure touristique est bien moins développée qu’à Santorin ou Naxos et il y a peu de chambres pour des touristes de plus en plus nombreux… Nous commençons à désespérer, à nous résigner à rejoindre Chora ou Katapola, les deux autres grandes villes de l’île, lorsque le miracle survient. Vous vous souvenez de David, abandonné au coin d’une ruelle avec les sacs à dos ? Et bien de son côté, le bonhomme n’avait pas perdu son temps. Entré en contact avec une petite vieille grecque, celle-ci n’avait pas tardé à comprendre que nous étions à la recherche d’une location et avait sauté sur son téléphone. Alors que nous avons rejoint notre compagnon, c’est une jeune fille d’environ treize ans, qui parle un anglais r
     emarquable, qui nous mène à la " room " en question.

    Je commence à encenser David, à lui promettre une page du journal de bord s’il a réussi à nous trouver une chambre… Celle-ci est coquette et tout confort, mais il nous faut la négocier avec un vieux patriarche grec. Il propose 17 000 drachmes la nuit, pour deux nuits. La jeune (et jolie) grecque sert d’interprète, et lorsque nous demandons 15 000, le propriétaire a un sourire en se tournant vers nous : " Français ? Ah…" et le prix tombe à 16 000. Mais nous signifions que c’est encore trop cher pour nous et nous commençons à nous en aller… Ils nous rappellent en acceptant l’offre à 15 000. Après une ultime concertation commune, juste le temps de dire " banco ! " et nous voilà les heureux propriétaires d’une superbe room… David peut jubiler : " J’ai ma page dans l’journal de bord !  J’ai ma page dans l’ journal de bord ! ". Et nous ne tardons pas à nous installer et à profiter du confort de cette petite chambre.

    Juste après le repas les lits nous invitent à la sieste et tout le monde en profite ! Après la nuit éprouvante passée entre le ferry et la plage, après toutes ces nuits sur le Karémat (ou à même le sol pour David), c’est un véritable bonheur que ce profond sommeil sur un vrai matelas…

    Amorgos, enfin...

    En fin de journée, nous découvrons les alentours d’ Aigiali : David et Alex remontent la route qui longe la côte jusqu’à l’ ilôt Ni Kouria, tandis que Caro et moi grimpons jusqu’au superbe petit village de Potamos, situé juste au-dessus d’Aigiali. Le coucher de soleil est un enchantement, et nous ne manquons pas d’apprécier la beauté du lieu. Après avoir littéralement " bloqué " sur cette île (jusqu’à passer par Naxos pour attraper un ferry certain d’y accéder), nous y sommes enfin et pour le moment nous ne sommes pas déçus par le paysage, alors que nous n’avons encore vu qu’une infime partie de l’île. Tout cela valait bien quelques heures de bateau !

    Vendredi 14 Août, Amorgos

    "Rain ? Oh no !... Oh ! Oh ! Oh !..."

    " Allez hop, on y va, en route pour l’aventure ! " - 7h30 : branle-bas de combat ! Aujourd’hui une randonnée de plus de cinq heures nous attend et doit nous mener de l’autre côté de l’île. Alex râle, légitimement : " Pour une fois qu’on a un lit, on ne peut même pas en profiter … " Lorsque je jette un œil dehors, le ciel est tout gris. Mais gris de chez pas bleu ! En allant acheter le pain, je m’inquiète du temps auprès du boulanger et lui demande s’il y a des risques de pluie. " Rain ? " dit-il en me regardant avec des yeux incrédules. " Rain ? Oh no !… Oh ! Oh ! Oh !… Rain… Oh ! Oh ! Oh !… " me répond-il ensuite avec une voix qui me fait penser à celle de Dingo, ajoutant quelques paroles en grec que je ne saisis pas, mais je comprends tout de même bien qu’il se fout de ma gueule !

    Sac à dos, pique-nique et bouteilles d’eau, nous voilà parés pour cette balade qui s’annonce longue et belle. La randonnée " Guide du routard " doit nous mener à Chora, capitale de l’île, après quinze kilomètres de sentier. Nous rejoignons Potamos avant de prendre un chemin de pierres qui se faufile entre les montagnes… L’itinéraire est balisé par des points rouges, mais de façon très irrégulière. " Tu vois quatorze points sur deux mètres, et après aucun pendant un kilomètre ! " note Caro qui en connaît un rayon en randonnée pour avoir arpenté nombre de GR boussole en poche avec les scouts. Conséquence, le chemin se perd régulièrement dans la garrigue locale, et nous avançons au feeling.

    Mais quel spectacle ! Derrière chaque montagne, un nouveau paysage. La mer nous apparaît d’un côté, de l’autre, des deux… Le soleil est de retour et illumine ce paradis. Nous en prenons plein les yeux (et les narines), et pourtant le trajet est éprouvant : dénivelé, cailloux, buissons " fractales " griffeurs… Cette balade est l’un des " must " du Routard et ce n’est d’ailleurs pas un hasard si sur les quatre randonneurs que nous croisons sur le chemin, trois sont français… Nous rencontrons aussi, à plusieurs kilomètres du premier village, une petite vieille grecque, toute en noir, qui nous abreuve de son " Kalimera ! Kalimera ! ". Plus loin, une autre à dos d’âne , des paysans avec leur mulet bien chargé, quelques chèvres et un bouc, et tout au long du chemin, des lézards par dizaines…

    Un monastère, une crique...

    Après un pique-nique qui nous remet tous d’aplomb, nous repartons à la recherche des points rouges. Le sentier se découvre, se perd, se repère, se reperd… Nous nous rapprochons de la côte ouest, où Chora nous attend : le grand bleu s’offre à nous, la mer à perte de vue, les falaises sidérantes… Grisé par un trop plein d’émotions qui mettent en éveil tous mes sens, je m’échappe en courant à l’assaut d’un amas de rochers surplombant une falaise. Le vent, d’une violence rare, me plaque contre le roche, mais ce n’est qu’à l’instant où je me retourne que je reçois le coup de grâce. Je suis terrassé par une vision et j’ai d’abord l’impression qu’il s’agit d’un mirage. Non, ce ne sont pas les premières habitations de Chora, c’est bien lui sans aucun doute ! Encastré dans la roche, splendide, majestueux, immense, le monastère du grand bleu,"la Panaghia Chozoviotissa" nous apparaît ! !

    Ce bâtiment, célèbre depuis son apparition dans le film-culte de Luc Besson "Le Grand Bleu", nourrit depuis notre départ pour la Grèce nos délires les plus fous. Un motif de rêve permanent, une obsession, un but ultime… Il devait l’être l’objectif de notre excursion du lendemain, nous n’étions pas préparés à le tutoyer si vite ! Et le voilà qui se présente à nous, comme une récompense à nos efforts. En nous approchant, nous sommes excités comme des gosses, et aussi impressionnés par la majestuosité du site. La crique qu’il surplombe est surréaliste : falaise abrupte, mer qui décline tous les tons de bleu du turquoise au bleu roi, eau d’une clarté terrifiante, fonds sublimes… Malheureusement, pour prolonger le rêve, elle restera inaccessible par manque de temps, ou de folie…

    Il est alors 15h30, et le monastère n’ouvre qu’à partir de 17h. Caro râle parce qu’elle n’aura pas droit à son loukoum. Et il nous faut poursuivre notre route, puisqu’il reste une demi-heure de marche avant de gagner Chora. Tout le monde s’est cru arrivé au bout de ses efforts en parvenant au monastère, et la montée vers Chora paraît interminable. Enfin au village, nous nous mettons en quête d’un mini-market afin d’assouvir la faim qui nous ronge : David saute sur la première cabine téléphonique qu’il rencontre et passe sa commande : " Alors pour moi, ce sera quarante paquets de chocos, cent pots de Nutella et … six cents baguettes "… Nous nous affalons dans un coin de rue, le village est peu fréquenté à cette heure et le calme après l’effort est appréciable. Je m’assoupis…

    Il y a beaucoup de monde à la station de bus lorsque nous la rejoignons, et le car pour Aigiali est littéralement pris d’assaut. Seule Caro-la-malice parvient à grimper, mais redescend par solidarité. Le prochain n’est que bien plus tard, deux solutions s’offrent à nous : le retour à pied par le sentier (!) ou … l’auto-stop. David et Alex se font embarquer les premiers, nous les imitons quelques minutes après dans une vieille fourgonnette.

    " Balade de vieux " sur le port

    Lorsque nous les retrouvons à Aigiali, ils sont en compagnie de Jean-Marie et Lucie, des amis de Caro originaires de Bron, qui parcourent eux aussi les Cyclades. Pour des raisons budgétaires, ils se contentent pour toute collation de pain et de fromage…Voilà bien le genre de repas que nous aurions du mal à faire tous les quatre, vu notre penchant commun pour la bouffe ! D’ailleurs, David a été désigné chef cuistot du soir et nous mitonne des aubergines accompagnées de boulettes de viande : un vrai régal. Le soir, les jambes sont lourdes et nous nous offrons une petite " balade de vieux " : dix minutes sur le port, histoire de prendre l’air… Nous rejoignons notre room, où David s’effondre comme une masse. La fatigue nous pousse tous petit à petit vers le sommeil. Demain, grasse mat’ pour tout le monde !

    Amorgos

    Jambes lourdes au réveil

    7h45 : Le réveil sonne… Finalement, pas de grasse mat’ pour moi ce matin, le footing m’attend. Je mesure le poids de la balade de la veille. La première côte, dès le départ est un calvaire mais je pousse l’effort jusqu’à l’îlot Ni Kouria. Je suis parti depuis 25 minutes, et chaque jambe pèse une tonne. Jugeant ce décrassage suffisant, je rentre à pied par la même route, sans même avoir la force de faire du stop…

    De retour à Aigiali, mes compagnons de room me maudissent d’avoir fait sonner le réveil ! Nous petit déjeunons dans l’appart’, dont nous profitons jusqu’au bout de notre court bail. Nous le rendons en début d’après-midi, mais notre propriétaire grec accepte de garder nos sacs à dos, que nous pourrons récupérer à tout moment (" six, seven, eight… "). Nous gagnons une plage retirée ( privée ?) d’ Aigiali, histoire de se faire dorer la pilule de temps en temps et de ne pas rentrer tout blanc comme des cachets d’aspirine.

    " Le Grand bleu " en anglais...
    sous-titré en norvégien !

    En fin d’après-midi, nous quittons Aigiali pour Katapola, à l’autre bout de l’île. Nous retrouvons JM et Lucie dans le bus, qui font le trajet avec le même objectif que nous : assister à la projection du film culte de Luc Besson, " Le Grand Bleu ", dans le pub du même nom sur le port de Katapola . Nous battons le record du monde de vitesse du plantage de tente pour ne pas rater le début du film. Aux abords du camping, un " playground " d’enfer se déroule… Le " gyros pita " est avalé en douze secondes trois dixièmes et ne remplit vraiment pas l’estomac. Du coup, avant de rejoindre le pub, David et Alex vont acheter biscottes et feta, ce qui ne ravit pas le proprio du " Grand Bleu ", fort peu agréable d’ailleurs. JM et Lucie nous quittent juste avant le début du film, le dernier bus qui doit les ramener à Aigiali va partir. Le film est diffusé sur un écran de télé, en anglais, sous-titré en … norvégien ! Mais peu importe, je l’ai déjà vu tant de fois que je parviens à anticiper
     les dialogues. " Voir le Grand Bleu en anglais sous-titré en norvégien à Amorgos, c’est parfait " opinionne David. C’est une version écourtée mais après la randonnée d’hier, nous la regardons complètement différemment, plus attentifs à chaque plan, chaque paysage… Le monastère ne passe pas inaperçu ! Quant à Alex, elle cherche à me démontrer que Jacques meurt à la fin du film, alors que je penche pour une fin beaucoup plus philosophique. Ce n’est quand même pas une gamine de 21 ans qui va m’apprendre la vie !

    Pour finir la soirée, nous déambulons aux alentours du petit port de Katapola. Le ciel étoilé, le bruit des vagues, une petite musique grecque s’échappe d’une taverne, l’ambiance est romantique…

    Dimanche 16 Août, transfert Amorgos -> Paros

    "On va masque-et-tuber !"

    Que les choses soient claires : il est hors de question de quitter Amorgos sans avoir exploré les fonds sous-marins des nombreuses criques. Celle du monastère est trop loin (nous devons prendre le bateau pour Paros à 13h30), nous nous rabattons alors sur une autre, déserte de bon matin. De son côté, Caro a projeté de visiter le village de Katapola. Malheureusement pour elle, elle découvre que le bateau de 13h30 est annulé (c’est un " dolphin ", un hydroglisseur qui ne part pas dès qu’il y a un peu de vent) et annule sa visite pour nous prévenir. Elle se paiera une marche de deux heures en nous cherchant à travers les criques, sans nous trouver… Et pour cause, nous passons la matinée à " masque-et-tuber ", à observer les fonds (poissons, oursins, pêche aux coquillages…), à plonger et replonger, grisés par l’ivresse des profondeurs !

    Le prochain bateau pour Paros ne part que la nuit prochaine, à 5h du mat’… Du coup, après avoir démonté et abandonné les tentes au camping, nous repartons pour l’après-midi à la découverte des criques, découvrant ici " La vénus de Milo " posée sur un socle en pleine mer, là une chapelle au bout d’un bras de mer… Une petite trotte et à l’arrivée, la catastrophe : j’ai oublié mon masque et mon tuba ! Oublier l’indispensable, c’est bien moi ça : déjà le jour du bac, j’avais oublié ma convoc’ … Bref, je préfère souffrir quelques minutes en trottinant jusqu’au camping plutôt que de me morfondre sur la berge en écoutant David me crier : " c’est trop beau au fond, c’est parfait ! ". Et je ne regrette pas cet effort puisque l’endroit est très rocheux, les oursins pulullent et le masque est indispensable pour éviter les piquouzes ! ! J’alterne bains de soleil et explorations sous-marines, siestes entre deux rochers et plongeons dans l’eau turquoise : le bonheur, si je veux…

    Soirée pâtes au jardin public

    Après cet après-midi sans souci, les questions pratiques resurgissent : qu’est-ce qu’on mange ? où est-ce qu’on dort ? quand est-ce que l’on prend le bateau ? Pour des questions d’ordre essentiellement financier (les drachmes font défaut sur cette île où il n’y a pas un seul distributeur de billets !), nous devons nous contenter d’un plat de pâtes. La nuit tombe, et nous nous installons dans un jardin public où quelques enfants font encore de la balançoire et du tourniquet… David s’interroge : " mais vous voulez vraiment faire cuire les pâtes ici ? ! ". C’est un ultime 51 bien dosé qui achève de le convaincre. Malheureusement, en finissant la bouteille, nous réalisons qu’il nous faudra survivre trois jours sans pastis… Un jeune français vient nous aborder : " vous n’auriez pas du sel ? ". Il est en train de faire cuire ses pâtes de l’autre côté du jardin public ! Un autre touriste en sac à dos s’installe à côté de nous, défait son duvet et se couche. On dirait que tout le mon
     de s’est donné le mot, et s’installe un peu n’importe où dans l’attente du bateau de 5h.

    " Parakalo, Parakalo !"

    De notre côté, nous rejoignons un bout de plage derrière le port. Caro règle le réveil, puis tente de s’endormir… mais de peur de rater l’échéance, surveille chaque minute qui passe sur l’horloge et ne dort que d’un œil. De mon côté, je n’ai aucune difficulté à rejoindre les bras de Morphée. Je ferme les yeux sous les étoiles, face à la mer… Je me réveillerai simplement en sursaut une fois ou deux dans la nuit à cause d’un bruit de vague un peu plus fort que les autres qui me donne la réelle impression que la marée monte et que mon duvet va finir trempé !…

    A 4h15, le réveil n’oublie pas de sonner et ce sont quatre somnambules qui rejoignent le ferry. Il y a peu de monde dans le port, et nous n’avons aucune difficulté pour nous installer en bonne place sur le pont : karémat, duvet, et re-dodo. Vers 7h, le jour commence à poindre, le lever imminent de l’astre solaire me met dans un état d’excitation rare et finit de me réveiller totalement : nous slalomons entre les petites Cyclades, la vue du lever de soleil sur les îles est extraordinaire !

    Je profite de ce réveil matinal pour reprendre un journal de bord quelques peu délaissé depuis quelques temps. Mes collègues ont fini eux aussi leur seconde demi-nuit, et nous nous offrons un petit déjeuner (et sur une table s’il vous plaît). Ce n’est pas la grande forme, mais chacun a réussi à dormir quelques heures d’affilée malgré les incessantes escales dans chacune des petites Cyclades (Koufonissia, Schinoussa et Kato Koufonisi), rythmées par les commentaires incessants de l’hôtesse de bord, en grec (" Parakalo, parakalo !… ") puis en anglais (qu’on ne comprend souvent guère mieux que le grec).

    Lundi 17 Août, transfert Paros -> Santorin

    Nouvel accueil sauvage à Parikia

    Il est environ 10h lorsque nous débarquons à Paros, où nous renouons avec la tradition de l’accueil sauvage : " rooms ! ", " camping !", les grecs n’hésitant jamais à vous mettre leurs prospectus sous le nez ou à essayer de vous convaincre en marchant à vos côtés… Mais ce jour-là, nous ne nous mettons en quête d’aucun logement puisque Paros n’est qu’une escale : le soir même à 23h30, un ferry doit nous ramener à Santorin, notre première destination.

    Nous nous débarrassons de nos sacs à dos à la première consigne (" left luggage ") et Caro se replonge dans le Routard pour nous permettre de découvrir les trésors de Parikia, port-capitale de l’île. Elle nous mène à la découverte des chapelles, des ruelles, de la " rivière asséchée " qui coupe la ville en deux et surtout de la somptueuse église Panaghia Ekatontapiliani : marbre, icônes, vestiges de fresques…

    A nous les scooters !

    En chemin, David et Alex flashent devant une location de scooters, et l’idée les obsède peu à peu. Comme moi, après toutes ces heures de bateau, Caro a plutôt envie de sentir le terre ferme sous ses pieds et pour l’instant, notre premier souci est de nous restaurer.

    Un sandwich grec sur le pouce et un détour apprécié chez le glacier (ah la mangue ! ah la pomme-cannelle !) et Alex et David reviennent à la charge avec leurs scooters. Nous n’avons que quelques heures devant nous, et ce pourrait bien être là le meilleur moyen d’en voir le plus possible… Bref, nous faisons le tour des locations histoire d’avoir une idée plus précise de la chose. Le premier a trop une tête de mafioso pour être honnête ; le second propose des tarifs prohibitifs ; le troisième… Bref, nous commençons à hésiter et à faire une croix sur nos scooters (parce que je m’étais bien fait à l’idée, moi !). " Ca ne vaut pas le coup, on va à la plage ? " lance David qui quelques secondes auparavant se voyait sur son terrible engin faire du cent et du zéro. Une ultime location pour voir… " Forget-me-not, the best bikes at the best prices ! ". Et puis, sur un coup de tête, " Allez, on y va ! ".

    Et nous voilà partis sur nos furieuses machines, à l’assaut des routes de Paros… Au bout de quelques kilomètres, le motorbike est domestiqué. Caro se cramponne à moi, Alex file cheveux au vent derrière David qui ne supporte pas de ne pas faire la course en tête. De Parikia, nous avons projeté une boucle dans le nord de l’île. Nous rejoignons le bord de mer et les paysages défilent devant nous. Pour une fois, nous ne dépendons pas des bus, nous avons le choix de l’itinéraire et de la vitesse, c’est appréciable ! Des planches à voile filent sur une plage, David s’arrête pour qu’Alex rêve encore un peu…

    Parvenus au village de Naoussa, nous laissons nos scoots pour flâner sur le port et dans les ruelles. Au-dessus des terrasses, l' " octopus " ( le poulpe) est en train de sécher… Alex nous en parle depuis le premier jour, et nous avons tous une folle envie d’y goûter ! Le petit port est typique, très traditionnel et nous décidons d’y revenir dans la soirée afin de goûter à l’octopus : on ne trouvera pas de meilleur cadre.

    De Naoussa, nous continuons notre route vers le nord de l’île. Objectif suivant : la plage Santa Maria, une grande plage de sable blanc, qui donne sur la ville de Naxos située sur l’île en face où nous étions quelques jours plus tôt. Avant de repartir, Caro et Alex jouent aux " folles du guidon " en essayant les scooters sur le parking de la plage… sans casse et sans bobos ! Impatient de reprendre les commandes, David met les gaz quand nous repartons en direction de Lefkes. La route s’élève, les points de vue sont surprenants.

    Nous nous offrons une nouvelle halte à Kostos, petit village dont la chapelle est magnifique, mais au coin d’une ruelle, une petite vieille nous mitraille du regard et nous comprenons qu’il est temps de remonter sur nos machines, grâce auxquelles nous avons la chance de découvrir beaucoup de pays en peu de temps.

    Après quelques kilomètres, nous parvenons à Lefkes. Mon scooter fait un bruit de pétrolette effarant dans les rues de ce village et j’ai l’impression de réveiller tout le monde ! Nous posons nos engins pour aborder les rues piétonnes. Caro a une coupe d’enfer, les cheveux tout droit sur la tête ! Un peu comme à Filoti (Naxos), Lefkes est un véritable village authentique, " dédales de rues, multiples placettes, balcons fleuris ".

    Octopus à Naoussa

    Mais le poulpe grillé nous attend à Naoussa, et nous poussons les scooters " à fond, à fond " sur le chemin du retour. David se paie un " tout-droit " à la Ayrton Senna dans un virage, heureusement sans conséquences… Nous avalons les kilomètres, l’air nous fouette le visage, le vent nous déséquilibre, la mer nous contemple. Le port de Naoussa est beaucoup plus animé que quelques heures plus tôt, et les patrons de taverne harcélent les touristes. Dans un recoin du port, à peine jetons-nous un œil à la carte que nous sommes harponnés par le patron qui nous détaille sa carte : " Hello, here, big octopus, not small octopus. With fries ". En fait de gros poulpes avec des frites, nous aurons un petit poulpe avec du riz, qui sera très très vite digéré (beaucoup plus vite que l’addition !). Mais l’insolite et le typique n’ont pas de prix d’autant plus que le poulpe grillé, c’est délicieux !

    Ce nouveau désir comblé (il avait été décidé que ce serait la journée de tous les plaisirs et de toutes les folies), la nuit est tombée sur les Cyclades et nous allumons les lanternes pour rentrer à Parikia. Sans aucune confiance envers les routes grecques et leurs chauffards en tout genre (scooters, voiture, bus), le retour est éprouvant d’autant plus que mon phare ne porte pas à plus de 5 mètres. Il est 21h lorsque nous revenons devant l’agence de location. David s’offre une ultime pointe de vitesse dans les rues très animées de Parikia, en solo.

    Retour à la case départ
    (sans toucher 20.000 drachmes)

    Il ne nous reste désormais qu’à attendre le ferry. David et moi avalons un Gyros Pita car le poulpe était vraiment trop léger. Vers 22h30, nous gagnons le quai : il y a déjà des dizaines de personnes, assises, debout, couchées, avec leurs sacs à dos. Le squat habituel, quoi… Notre bateau doit quitter Paros pour Santorin à 23h30, mais déjà, il se murmure qu’il y aura du retard… La fatigue de la nuit précédente et de la journée accumulées ne tardent pas à me plonger dans un profond sommeil, parfois troublé par quelque mastodonte scandinave qui m’écrase les orteils… Quand je rouvre les yeux, il y a un monde infernal ! Les gens sont concentrés devant les portes d’accès au quai d’embarquement. Après être allés aux nouvelles, nous apprenons que notre bateau n’arrivera que vers 1h du mat’, et qu’avant lui quatre bateaux pour le Pirée devraient se remplir ! Pas étonnant qu’il y ait une telle foule… Mais la plupart se dirige vers Athènes et nous ne sommes que quelques dizaines à embar
     quer sur le ferry à destination de Santorin, avec escales à Naxos et Ios. Packs de bières à la main, nos bruyants voisins norvégiens sur le pont se dirigent à coup sûr vers Ios, " l’île-boîte "…

    Le lever est difficile alors que nous approchons de Santorin. Il est 6h et nous redécouvrons de nuit les paysages qui avaient accompagné notre début de séjour : le volcan et la caldera, Thira la magnifique… Le petit port d’Athinios est relativement animé pour l’heure et nous ne sommes pas mécontents de voir qu’un bus se rend à Thira… Nous ne serons peut-être pas obligés de faire les SDF en dormant sur la plage ! Nous somnolons encore dans le bus. Je n’ai qu’une envie, me recoucher et j’essaye de ne pas trop me réveiller pour pouvoir me rendormir le plus vite possible !

    De la station de bus, nous gagnons le Santorini Camping à quelques centaines de mètres, dont nous avions profité de la piscine en début de séjour. Il n’a pas très bonne réputation, mais c’est la solution la plus stratégique (près du centre-ville), et puis, ce n’est que pour un jour et demi. Par chance, les arrivants après le lever du soleil ne paient pas la nuit et les premiers rayons nous éblouissent lorsque nous franchissons l’entrée du camp. Pour une fois, nous ne prenons pas la peine de chercher deux emplacements à côté puisque nous n’avons pas de temps à perdre. Nous avalons un petit dej’ sommaire qui n’a pour d’autre but que de nous éviter d’être réveillés par la faim. David et Alex plantent leur tente, alors que Caro et moi déroulons simplement nos karémat avant de nous faufiler bien au fond de nos duvets. Il est 7h, il fait jour : " Kalinichta… " (bonne nuit).

    Mardi 18 Août, Santorin

    La boucle est bouclée

    Après un réveil " échelonné " (comme en colo, pour respecter les rythmes de chacun) entre 10h30 (Cyril) et midi (Alex), chacun vaque à ses occupations : douche, piscine, courses , vaisselles des pâtes d’il y a trois jours… Nous nous retrouvons autour d’une table dans la " cooking place " pour notre ultime séance de pâtes au butagaz, précédée d’une salade russe qui, comme son nom ne l’indique pas, est bel et bien une spécialité grecque. Caro repart à la sieste, David et Alex s’offrent une nouvelle tranche de piscine tandis que je me replonge dans le journal de bord. Vers 16h, nous partons à l’aventure pour visiter Oia (Ia), le village le plus au nord de l’île. Moins touristique que Thira, Oia est éblouissante et je ne me lasse toujours pas de la vue sur la caldera, des maisons blanchies à la chaux, des chapelles au dôme bleu, des ruelles qui montent et qui descendent… Je sais que tout ce qui s’offre à ma vue à ce moment-là est éphémère, et que, dans 24h, nous reprenons l’avion
     pour Satolas !

    Bien décidés à piquer une ultime tête dans la mer Egée, nous descendons vers le port d’Ammoudi. La descente ressemble aux 387 marches qui mènent au vieux port de Thira, avec quand même moins de marches (mais elles sont plus hautes !). Au port, un pêcheur vide le poisson devant une taverne, la friture frétille encore dans l’eau, les odeurs de poisson grillé embaument l’air ambiant. Nous longeons la falaise jusqu’à une crique aménagée dans les rochers. Le vent est frais, mais ce n’est pas un petit meltem qui va nous retenir ! Et hop, je m’élance d’un rocher, bientôt imité par David puis par Alex qui se laisse tenter. Caro n’oublie pas de prendre les photos qui immortalisent l’instant. Entre notre première baignade, sur la Caldera Beach, et celle-ci entre les rochers et les îlots, la boucle est bouclée. Nous pouvons quitter la mer Egée (qui est décidément très salée) avec le sentiment d’en avoir bien profité.

    Ce soir, c'est Carnaval !

    Comblés et parfaitement décontractés, nous attaquons la remontée vers Oia par les marches infernales. Plusieurs fois, nous manquons de nous faire renverser par quatre ou cinq mulets qui dévalent la pente à toute allure...

    Au sommet, le soleil descend sur la mer petit à petit, et les cathédrales prennent des couleurs chatoyantes. Le chemin qui surplombe la falaise est anormalement circulé. Un attroupement se forme, les gens s’assoient sur le muret face au soleil qui se couche sur la caldera. Les touristes sortent par centaines des ruelles pour se concentrer sur le bord de mer. Le soleil est encore très haut, il ne devrait pas se coucher avant une heure… " Je ne sais pas vous, mais j’ai vraiment l’impression de rater quelque chose " dit David. On dirait que les gens attendent un événement rare… mais lequel ? Hormis le coucher de soleil sur la mer, il n’y a rien à voir qui puisse immobiliser une telle foule. C’est encore pire qu’à la Portaria de Naxos…

    De notre côté, quinze jours dans les Cyclades ont fini par nous blaser des couchers de soleil et nous fuyons la foule en nous mettant en quête d’un restaurant. Pour le dernier soir, c’est Carnaval ! Et nous sommes bien décidés à tous nous régaler une ultime fois des spécialités locales. Mais il est plus difficile de trouver une taverne ou un resto qui parvienne à satisfaire les envies de tout le monde pour des raisons de choix gastronomiques… et de budget. Et alors que nous sommes sur le point de prendre le bus pour Thira, le restaurant "Blue Sky" nous séduit et nous nous installons.

    A l’apéro, je commande une " ouzo caraffe ", histoire là aussi de boucler la boucle depuis la première gorgée à Akrotiri. Alex goûte un vin local, Caro reste fidèle au " fresh orange juice ". Perdus dans les méandres d’une carte greco-anglaise pas toujours explicite, le serveur (qui a dû abuser de la moussaka dans sa jeunesse…) perd patience et, pour nous aider dans nos choix, nous propose d’aller faire un tour en cuisine, histoire de voir ce qu’il s’y prépare…

    A la vue des plats, Caro n’hésite pas une seconde : ce sera aubergines farcies et calamars farcis à la feta. Alex reste fidèle à la salade grecque, David et moi au tzaziki. Ensuite, David et Alex choisissent le traditionnel souvlaki (brochettes), accompagné d’une assiette de petits légumes mitonnés avec amour. Quant à moi, je suis toujours le verre d’ouzo à la main et le nez dans la carte quand le serveur revient prendre la commande pour la troisième fois. Pas de friture, hélas ! Pour combler mon envie de poisson, le serveur m’emmène une nouvelle fois en cuisine et c’est sous mes yeux ébahis qu’il choisit une belle daurade…qui finira dans mon assiette quelques minutes plus tard.

    Pour patienter, je n’oublie pas de commander une bouteille de Santo Restina, le vin local si typique (puisque, je vous le rappelle, ce soir, c’est Carnaval, on se lâche et on craque les drachmes !). Tout le monde s’en met plein la lampe, les papilles gustatives en éveil. La petite musique grecque en fond sonore ne gâche rien au tableau : face à nous, la caldera, Oia illuminée et au fond, plus loin, Thira nous fait de l’œil… Chacun de nous semble apprécier au plus haut point ces derniers instants qui clôturent de fort belle façon deux semaines de rêve.

    Le baklavas de chez " Minim's "

    Sur un coup de folie, nous osons même demander la carte des desserts. Hélas, il n’y a plus de baklava, ce mystérieux dessert grec qui apparaît dans toutes les cartes mais dont nous ne savons absolument rien. Nous quittons le " Blue Sky " rassasiés, mais une douceur finale aurait été la bienvenue… N’écoutant que notre gourmandise, nous n’avons aucune peine à retrouver le chemin de chez " Minim’s ", une pâtisserie grecque située quelques dizaines de mètres plus loin. La vitrine est un délice pour les yeux, le patron (qui parle français) nous fait le détail. " Baklavas, c’est feuilleté miel-amandes… ". Adjugé ! Nous nous posons dans une rue déserte à l’écart des touristes pour déguster ces somptueux gâteaux. Ce petit moment de plaisir entre nous est le top du summum de la soirée. Mais il est tard et nous devons rejoindre la bus station pour ne pas gâcher la fête en devant effectuer les 10 km à pied jusqu’à Thira ! Et ce soir-là, nous nous sommes couchés le sourire aux lèvres, l’
     estomac bien rempli, des souvenirs plein la tête, des images pleins les yeux avant de plonger dans notre dernier sommeil grec…

    Mercredi 19 Août, vol Santorin - Lyon-Satolas

    Course aux souvenirs dans Thira

    Comme le jour du départ, je suis réveillé très tôt. Il est 7h30, et j’ai très envie que cette journée soit la plus longue possible. C’est qu’il y en a des choses à faire au cours de ces quelques heures qui nous séparent du départ : l’ultime rangement, la piscine, la course aux souvenirs, rejoindre l’aéroport… Je profite du calme du matin pour avancer le journal de bord : à quelques heures de la fin du séjour, j’ai encore trois jours de retard que je dois impérativement rattraper. Caro dort encore lorsque j’attrape le porte-monnaie pour les courses du petit-dej’. Sur le trajet, une voix m’interpelle : " Monsieur Boiron ?! ". C’est David qui me nargue de la piscine. L'instant est historique : pour la première fois en quinze jours, David et Alex se sont levés avant Caro !

    Quelques minutes après, nous nous retrouvons tous les quatre dans la piscine. Il est à peine 9h et nous sommes seuls… ce qui est appréciable. Après un ultime petit dej’ (où je me dévoue pour finir le pot de Merenda), l’opération " pliage - rangement " est rondement menée.

    Nous laissons les sacs à l’entrée du camp et rejoignons le centre touristique de Thira. Après une première escale commune dans une cave de Santorin, nous nous séparons et chacun a tout loisir d’arpenter les ruelles à la recherche des boutiques qui l’intéressent. David et Alex farfouillent les ateliers de peinture à la recherche d’une toile. Caro reprend sa mine de malheureuse devant les vitrines des bijouteries (" J’en ai marre, y’a trop de bijoux originaux qu’on trouve pas chez nous. Mais de toute façon, je sais bien que je vais rien acheter. Ouinn ! !…"). De mon côté, je n’oublie pas d’enrichir ma collection de tee-shirts " Hard Rock Cafe " en m’offrant celui de Santorin.

    Au rendez-vous " Gyros Sandwich ", David et Alex nous attendent : il a fallu négocier le prix de la bague de Caro, qu’elle ne manque pas d’admirer en la sortant de sa boîte toutes les dix-huit secondes. C’est la fin du voyage, nous récupérons les sacs à dos et embarquons dans le bus pour l’aéroport. Celui-ci est presque plein mais les gens sont en maillot de bain et n’ont pas de sacs à dos…Et pour cause ! Nous sommes les quatre seuls clampins à descendre à l’aéroport, tandis que le bus poursuit sa route vers la plage de Monolithos… Ah ! L’aéroport minuscule de Santorin… Les souvenirs de notre arrivée ressurgissent (" Want a room ? ", le taxi à 6000 drachmes, la piste courte…).

    De nombreux passagers qui avaient fait le trajet aller avec nous sont déjà là, notamment les quatre jeunes originaires de Clermont que nous n’avons cessé de croiser à travers les îles. On nous avait annoncé le départ à 17h10, il est affiché à 17h40 lorsque nous consultons les écrans. Un peu plus tard, le décollage est encore retardé d’une heure… Le départ galère de Satolas nous revient tous en mémoire ! Pour passer le temps, chacun s’occupe comme il peut : Caro est à l’heure de la sieste, David s’amuse à attacher les lacets d’Alex entre eux pendant que celle-ci mange des bonbons en lisant…

    Le Laguiole de David
    confisqué à la douane !

    Nous finissons par rejoindre la salle d’embarquement. Alex et Caro passent sans problème au contrôle, tandis que David et moi sommes retenus quelques instants pour une anomalie détectée dans un bagage… Je m’inquiète un instant puisque, dissimulées dans plusieurs épaisseurs de pull, ce ne sont pas moins de sept demi-bouteilles de vin de Santorin que je transporte pour Caro et moi… Quel trafic ! Après avoir renoncé à déballer le savant emballage, les douaniers me demandent de le repasser une seconde fois aux rayons X… Je suis finalement innocenté, puisque l’objet du délit a été identifié : il s’agit du couteau Laguiole de David, dissimulé dans sa banane… Celui-ci est immédiatement saisi par les agents et David est emmené par une charmante douanière. Très zen, il n’oublie pas de me dire au revoir en me faisant signe des deux mains… Notre criminel nous rejoint au bout de trois minutes, un ticket de consigne à la main. On lui a confisqué son Laguiole, ce splendide couteau qui nous
     a rendu tant de services pendant 15 jours, pour couper le pain, le melon, pour tartiner le Merenda, pour piquer la feta… Il lui sera rendu à l’arrivée à Satolas.

    Escale surprise à Nice

    J’appelle une seconde fois ma mère pour lui signaler une heure de retard au moins… L’avion " Air Toulouse International " est sur la piste, à priori tout devrait s’enchaîner plus vite qu’à l’aller. Des passagers pour Athènes décollent avant nous, et il est environ 18h45 lorsque nous rejoignons notre avion. Enfin tous installés, le pilote n’oublie pas de nous souhaiter la " Bienvenue à bord de ce Boeing 737 à destination de Lyon-Satolas… " avant d’enchaîner par : " Comme la piste est très courte ici à Santorin et que l’avion est plein, nous avons dû limiter le chargement en carburant et nous serons contraints d’effectuer une escale à Nice afin de procéder à un ravitaillement en kérosène… ". Personne ne croit vraiment à cette explication et beaucoup de gens soupirent et rouspètent, d’autant plus lorsque qu’on nous apprend que la demande d’atterrissage à Nice vient seulement d’être faite et qu’il faut attendre le feu vert. Merci Air Toulouse International ! ! Le temps de l’escal
     e et du renflouement, nous arriverons dans le meilleur des cas vers 22h (heure locale) à Lyon au lieu de 19h prévu initialement…

    A 19h15, heure de Santorin (heure française + 1), l’avion s’élance sur la courte piste de l’aéroport. Le décollage est brusque mais je ne tarde pas à coller mon nez sur le hublot pour profiter de la vue. Et quelle vue ! Je me hasarde à prendre quelques photos pour le fun, puisqu’il s’agit de finir la pellicule. Nous nous élevons au-dessus de Santorin et je suis sous le charme. J’ai eu un véritable coup de cœur pour cette île aux attraits si particuliers, au cadre si imposant. Le volcan s’éloigne, tout n’est bientôt plus que mer… mais au bout de quelques minutes, de nouvelles îles apparaissent. Je ne tarde pas à sortir la carte du Routard, et tout en évaluant notre trajectoire, je parviens à reconnaître les îles grâce à leur forme : Folegandros, îlot sauvage mais envahi de touristes ; Milo, où fut découverte la fameuse Vénus… Mais nous continuons à prendre de l’altitude, le temps est moins clair et il devient difficile de distinguer la terre de la mer entre les nuages.

    Aucune perturbation, aucun trou d’air important ne viennent troubler la bonne marche de l’appareil. Caro finit par se décontracter en tchatchant tout le long du voyage avec son voisin grenoblois. David et Alex sont quelques rangs derrière. Alex réclame un autre livre, elle a fini le sien. Une collation nous est servie : sandwich de nain, gâteau minuscule et jus d’orange. C’est une bonne nouvelle puisque notre vol devant se terminer vers 19h, aucun autre repas n’est prévu ! Les derniers drachmes que Caro a dépensé en "Tuc" à l’aéroport n’ont pas été dépensés inutilement… Pour survivre, en cas de besoin, nous disposons aussi de feta ainsi que de sept bouteilles de vin !…

    " C'est un peu la fin
    de notre histoire..."

    Le timing est respecté : l’escale à Nice se déroule comme prévu et nous nous posons sans encombre à Satolas. Il est 22h30, voilà deux heures que mon paternel fait le poireau dans le hall de l’aéroport. Il devra attendre encore trente minutes que nous récupérions nos bagages, qui sortent les derniers, bien moins vite que dans le minuscule aéroport de Santorin. Caro manifeste son plaisir de retrouver le plancher des vaches (" Chouette, la terre ferme ! ") et réclame une ultime photo du quatuor cycladique, avec sacs à dos et tout le tralala, dans le hall de Satolas… Nous nous quittons après deux semaines de vie commune très intense, et c’est avec un pincement au cœur que chacun rentre chez soi. Mais à peine rentré, nostalgique, je fais tout pour éviter de rompre le charme trop brutalement : je feuillette un livre de photos des Cyclades, je relis quelques pages du journal de bord, et puis j’insère la cassette du Grand Bleu dans le magnétoscope, devant laquelle je ne tarde à m’end
     ormir, la tête pleine d’îles magnifiques, de villages pittoresques, et de nuits sur la plage…


  • Commentaires

    1
    Pisiss
    Samedi 6 Décembre 2008 à 14:24
    Tr?bon r?t ! J'ai d? lu 1/8 de celui ci et j'aime beaucoup.
    Il y en a qui s'en donne ?oeur joie d"?ire leur voyage.
    • Nom / Pseudo :

      E-mail (facultatif) :

      Site Web (facultatif) :

      Commentaire :


    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :