Pénélope 2008

Par tragoudia66

Comme il était temps de passer à autre chose, nous avons repris dès le mois d'avril, la préparation de notre spectacle sur l'Odyssée. Vieux projet qu'il était urgent de relancer, une date étant prévue en juin et deux en octobre. Ce n'est pas ni théâtre ni une lecture. Nous racontons différentes aventures d'Ulysse en variant les narrateurs : Izabel dit les mots de Calypso, A. ceux du porcher d'Ithaque.
Moi, je suis Pénélope, je tisse, je détisse, je dis :

C’est  encore le soir, je suis enfin seule, je vais aller marcher le long du rivage. J’irai jusqu’aux roseaux qui marquent l’embouchure du petit ruisseau, je m’assierai un moment sur la pierre blanche puis  ferai demi-tour et rentrerai au palais. Mes yeux, à l’aller comme au retour seront fixés sur l’horizon. Je scrupterai le large comme si j’espérais encore en voir venir  les voiles de la flotte d’Ulysse, mon roi, mon mari, erotas mou, mon amour.  Vingt ans qu’il est parti...
Vingt fois nous avons gaulé les olives et pressé l’huile
Vingt fois nous avons cueilli les figues et les avons mises à sécher
Vingt fois, les pluies d’hiver ont rempli le ruisseau, vingt fois le soleil de l’été l’a asséché
Vingt fois j’ai fêté aux jours les plus courts  de l’année, l’anniversaire de Télémaque,  o fili mou, toute jeune mère d’un bébé vagissant,  puis femme mûre élevant seule un beau petit garçon, et maintenant femme presque vieille, reine-mère d’un puissant jeune homme. Vingt fois, je lui ai promis que son père allait revenir aux premiers beaux jours.
J’ai tant promis ce retour à Télémaque, à mon beau-père, à moi-même surtout... J’ai tant promis ce retour que j’ai fini par ne  plus  y croire. Cela fait si longtemps... ( à suivre)

Je connais et j'aime Ithaque. Céphalonie aussi. J'y suis déjà allée trois fois, et j'y retournerai sans doute encore.
Pourtant, à chaque fois que je dis ce texte, c'est à Gialova que je pense.